GAGNANTE D'UN PRIX CONCOURS DU CNB À PARIS !

C'est sous le prisme du 8 ème Art qu'un Jury exceptionnel s'est réuni. Présidé par Bettina Rheims célèbre photographe portraitiste et composé du cofondateur de la maison d'édition YellowKornerAlexandre De Metz; de la Responsable de la photographie de la BnFHéloïse Conésa; de Béatrice Voss, Présidente de la commission Libertés et droits de l'homme du CNB et de deux autres membres de cette commission accompagnés d'un Juriste; ce Jury à sélectionné les 35 lauréats du concours pour une exposition permanente au Conseil National des Barreaux situé Boulevard Haussmann à Paris. La remise des prix décernera alors les 10 Prix-Concours, inspirés des valeurs essencielles de la profession d'avocat.

Durant mes 8 années d'études, j'ai caché aux avocats de l'Hexagone mon activité de reporter et dissimulé aux mariés Guadeloupéens mes aptitudes juridiques. Une double-vie discrète par volonté de ne pas paraître plus marginale que méritante. Mais le masque tombe toujours un jour ou l'autre ...

Ma photographie pourrait figurer parmis les icônes illustrant le droit des enfants. Et par pure coïncidence, en plein projet de réforme portant le nom de " Pacte pour l'enfance " ! 

Ne pas pouvoir lui donner un accès au public m'a torturé durant des mois car elle symbolise également mon combat intellectuel en tant que Doctorante en droit de l'enfance en danger sous la Direction du Professeur Mignot. Désormais, grâce à cette récompense et cette exposition au coeur du CNB, je suis libérée. Merci !

Le 27 juin fut la levée de projecteurs sur une parfaite croisée des chemins entre l'avocature, le doctorat, le photographe social que je suis depuis 15 années en Guadeloupe et cette réforme imminente. Cette journée fut couronnée par des échanges avec les personnes les plus brillantes et les plus respectables que je connaisse.

 

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Le "Prix de la Conscience" du concours-photo m'est remis. Je suis à la fois honorée de recevoir le prix portant le nom d'une valeur du serment d'avocat et heureuse de cette petite victoire pour l'Enfance en danger. 

Car si les grandes causes judiciaires peuvent être vues ( photographie ), entendues ( médias ) ou lues ( thèse ) par tous moyens à portée démocratique et populaire, elles pourront être comprises, partagées et surtout ... défendues par tous.

Entre la Photographie et le Droit : la Liberté.

 

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PS : Cette photo fait partie d'une série de 500 clichés et je souhaite étendre ce travail à d'autres Juridictions. Merci de me contacter si oeuvrer pour la réalisation du " Tour de France de la Justice " sous mon regard expert et engagé intéresse des partenaires.

 

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LA PHOTOGRAPHIE PROFESSIONNELLE EN SUSPENS ?

 Préparer une intervention auprès de lycéens sur le métier de photographe m’a beaucoup travaillé. Ayant connu l'argentique, le numérique, le digital et suivi les cours d’innovation de l’Ecole des Avocats de Strasbourg, je fus forcée de constater, à l’aube de mes 15 années d'exercice, que la photographie traditionnelle avait passé le cap du simple sursis.

Mon analyse pour l’avenir est simple. Quel regard porter sur les nouvelles technologies ? Quelles finalités ont-elles vraiment ? Sont-elles éphémères ? Les plus motivés à s’engager doivent absolument prendre conscience que cette évolution pourrait mener vers un véritable désert professionnel.

EXPLICATION DU CRASH EN 4 POINTS  :

  1. Le passage de l’argentique au numérique : le mimétisme réussi d’une technologie de transit.

Le numérique a réalisé le parfait mimétisme de l’argentique : mêmes boîtiers mêmes réglages … Si les pixels ont remplacé la chimie où l’ISO s’est substitué à l’ASA et le bruit au grain, ce fut dans le respect de la discipline. Un gain de temps considérable et un matériel moins contraignant furent une levée d’obstacles pour les professionnels nomades.

Le numérique, une technologie de transit ? Sans doute vers ce que j’ai nommé le “NO MAN’S WORK” (poste de travail déshumanisé) qui désigne le vide humain généré par les innovations remplaçant l’exercice pur des métiers et créant des intermédiaires économiques virtuels bouleversant l'indépendance des entrepreneurs à leur profit.

  1. Le glissement du numérique vers le digital : une intuitivité cultivant l'amnésie du savoir-faire.

A l’inverse, le digital se démarque de son prédécesseur par une intuitivité garantissant des résultats bluffants sans connaissance et par un design ultra-minimaliste, en bref les smartphones. Avec habileté, l’art s’efface pour se réduire à quelques options d’application, laissant son “utilisateur” dans l’ignorance du processus créatif.

Le digital a-t il démocratisé la photographie ? Publier sur Instagram n’a jamais permis d’apprendre le 7ème art  ! C’est un marché de consumérisme virtuel, en somme, du vent. Le digital n’est pas matériellement un outil de travail, c’est un objet permettant d’agir en connectivité avec sa sphère sociale et il est important de faire cette distinction.

Progressivement, le savoir-faire et le savoir-être du photographe tombent aux oubliettes. Liberté d’expression et pluralisme artistique sont sacrifiés sur l’autel de la conformité. Il faut non plus solliciter l’intellect avec un travail qui a du sens, mais exciter la rétine de manière comportementale pour cumuler des likes et suivre le diktat du marketing.

  1. Le bras de fer : l’achèvement économique de la profession par l’uberisation

UBER veille sur vous. Tel un miroir aux alouettes, vous lui confiez votre indépendance. Comme un coursier Deliveroo vous ne constituez pas de clientèle personnelle. Cet entreprenariat déguisé détricote le salariat et votre protection sociale. Ces plateformes se dégagent de toute responsabilité, vous vous auto-facturez.

Ces plateformes génèrent de faibles commissions destinées à des activités photographiques accessoires et non principales. Vous êtes une sorte d'intérimaire sans code du travail. Les exigences sont chronophages. Vous supportez un grand nombre de charges obligatoires et n’êtes pas formés à la gestion d’entreprise. Vous découvrez de graves incidences sur vos droits au chômage et à la retraite.

  1. L’ère digitale combinée à l’intelligence artificielle : obsolescence professionnelle et stratégie du non-retour

Le photographe perd (son) pied. La pratique traditionaliste de son métier est reléguée aux temps des dinosaures. Si le digital obéit au doigt et à l'oeil telle une prothèse intellectuelle, l’intelligence artificielle elle,  remplace carrément l’intellect, le doigt et l’oeil. Paix à son art.

Cette intelligence autonome évolue. Déclenchement, mise au point, reconnaissance faciale, post-traitement automatique, tirages ... L’installation des bornes sur les événements est un cheval de Troie. La technologie se substitue à la profession en s’accaparant son activité. Parlerons-nous un jour de concurrence déloyale ?

 

Comment expliquer sereinement à la nouvelle génération de photographe que l’avenir avec un grand “A” sera avec un grand “Ah?"?. Si je perçois encore le souffle de mon métier auprès de mes confrères, chacun se pose la question : a quel moment faudra-t-il quitter le navire ? (-katamawan-). Avant de rejoindre les bancs judiciaires, je m'enivre encore des rires d’enfants, des larmes d’aimants, de vos remerciements lorsque mon regard révèle votre splendeur. Et si aimer est immuable, la passion peut avoir une fin, la fin d’une passion qui rimera avec innovation.

 

Claire LEGUILLOCHET

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